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Sur les dépendances et les cyborgs

J’ai traduit et republié sur mon blog un article que j’avais publié sur mon blog en 2019. Le voici:

 

Le terme ‘cyborg’, dont vous entendrez de plus en plus parler, désigne une personne dont les capacités sont augmentées technologiquement.

Toi, qui me lis, tu es un.e cyborg.e. Tes pouvoirs sont augmentés par ton téléphone portable. Tu penses que le téléphone portable ne fait pas partie de toi, que tu peux vivre sans lui. Tu ne le peux plus. Même si tu ne le tiens pas tout le temps dans ta main ou s’il n’est pas implanté (dans 10 ans ce sera une puce), le téléphone portable fait partie intégrante de toi. Pour avoir une représentation directe et rapide de la place que le téléphone portable occupe dans ton organisme, tu peux faire un exercice simple : t’en passer et surveiller tes réactions. Si elles sont aiguës et semblables à un sevrage, tu auras une image de la place que le téléphone portable occupe dans ton psychisme.

Il occupe une grande place. Et il augmente tes pouvoirs : avec lui, tu peux parler à de longues distances, te repérer dans l’espace (Google Maps, etc). Ce n’est que le début. Et les dispositifs qui augmenteront les pouvoirs humains donneront finalement de la valeur à celui qui les possède. Dis-moi à quel point tu es cyborg, pour que je te dise qui tu es. As-tu juste une puce et une paire de lunettes 3D ? Tu es un cyborg faible. Tu n’as aucun dispositif doté d’intelligence artificielle ? Tu es un cyborg non compétitif. D’autres cyborgs voleront (et gambaderont) autour de toi, littéralement, et tu resteras en arrière, essayant de charger le dispositif, d’obtenir une réponse à une commande, etc… Les dispositifs deviendront des parties constitutives de notre organisme, comme le sont le foie, les reins, etc. Et voici la question : sommes-nous dépendants de ces dispositifs ou le sont-ils de nous (en tant que clients) ?

Comment serait ta journée sans téléphone avec connexion internet ? Comment appellerais-tu un Uber ? Comment commanderais-tu de la nourriture ? Comment prendrais-tu ta dose quotidienne de thérapie des réseaux sociaux ? Nous ne pouvons pas vivre sans foie. Le foie peut vivre sans nous, dans un autre organisme. Prends mon téléphone portable. Prends ma puce, prends tout autre type d’implant. Et utilise-le. Nous sommes dépendants des dispositifs, pas eux de nous. Et les dispositifs deviennent autonomes, commencent à penser, dotés d’intelligence artificielle, deviennent indépendants. Nous sommes dépendants d’eux, pas eux de nous. Et dans le Web 3.0, Web 4.0, Web 5.0, où la vie sans dispositif sera impossible (comme il est impossible de vivre sans foie), et où les dispositifs auront des caractéristiques humanoïdes, autonomie et indépendance, celui qui peut vivre sans l’autre dominera. C’est-à-dire le dispositif.

Alors, chers amis, n’oubliez pas de vérifier votre téléphone aussi souvent que possible. Chaque fois que vous faites cela, vous lui donnez du pouvoir. Le fabricant enregistre votre action, ajoute un trait à votre graphique de personnalité, prépare le prochain produit. De plus en plus cher, de plus en plus sophistiqué. Ça vaut le coup. Parce qu’il a votre attention. Seulement, le dispositif sera indépendant. Et celui qui l’utilise, dépendant.

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