Les réseaux sociaux ont actuellement une plus grande influence sur nous que l’école, les médias, les amis, etc. Les amis sont sur Facebook 🙂 Ils ne nous disent pas ce qu’ils pensent, mais ce que Facebook les dirige/leur permet de dire, à travers les mécanismes de fonctionnement du réseau. Par exemple, chacun est libre d’écrire ce qu’il veut sur le réseau, mais ne le fera pas, car il sait que certains posts ne sont pas populaires, donc il ne postera pas la vérité, qu’il est triste, etc., mais sera toujours joyeux, espiègle, avec un animal de compagnie à ses côtés, car cela lui apporte des likes, renforce son estime de soi, etc.
Il suivra la ligne proposée par Facebook. Qui mène à l’infantilisation. Facebook nous invite à régresser, à rester des enfants, et si nous avons mûri, à retourner dans le temps et à redevenir enfantins.
Comment fait-il cela ?
Il nous propose constamment de jouer : en plus des jeux sur le réseau, il nous fournit des applications pour jouer et découvrir quand nous mourrons, avec qui nous nous marierons, à quel personnage égyptien nous ressemblons (j’ai inventé celui-ci 🙂 ), etc.
Il nous propose d’abandonner l’alphabet écrit et de communiquer par images. L’expression écrite est un signe de maturation cognitive. Facebook nous propose de rester au stade de l’enfance, de ne plus faire l’effort de coder les significations en mots et de remplacer les textes par… des autocollants. Les autocollants, des personnages amusants de type dessin animé, nous ramènent à l’enfance, à l’époque où nous entrions dans le monde du jeu, en adoptant un personnage – quand les petites filles étaient les mamans ou les amies des poupées, c’est-à-dire encore des poupées, et les garçons étaient des personnages des jeux auxquels ils jouaient. Maintenant, les jeux des enfants sont en 3D, et les personnages sont dynamiques et proches de la réalité. Ainsi, le jeu avec des personnages se transfère sur les réseaux sociaux, qui commencent à avoir des traits de gaming – les autocollants en sont un exemple. Nous postons des autocollants, c’est-à-dire que nous jouons avec des poupées, des personnages de dessins animés. Nous nous infantilisons.
Les posts qui réussissent sur Facebook sont ceux où nous nous infantilisons. Ceux où nous jouons, où nous faisons les fous, sautillons, nous comportons comme des enfants. Mon observation n’a pas de connotation négative – c’est très bien d’être un enfant. Regardez: les posts à succès ne sont pas ceux qui nous montrent dans des postures “sérieuses”, mais ceux où nous jouons, sommes amusants, nous infantilisons. Le meilleur exemple: les stories de type Snapchat adoptées par Instagram et Facebook. Un post avec moi sur une trottinette a eu plus de succès qu’un post où je travaille (bien que le second me représente mieux). Si j’étais un lapin sur une trottinette (c’est-à-dire si je mettais un filtre de type Snapchat-Instagram), l’engagement du post augmentait de 100%.
On dit que “tu souris joliment comme un enfant” ou que le rire nous rapproche de l’enfance. Le rire à gorge déployée est l’émotion numéro 1 sur Facebook (la plus utilisée), et l’amusement est en deuxième position.
Donc, nous entrons dans les réseaux sociaux pour retrouver notre enfance, notre âme d’enfant. C’est le Monde Perdu, de l’Enfance, où nous pouvons rester des enfants, où nous ne vieillissons pas. Jeunesse sans Vieillesse et Vie sans Mort.
Le fait d’avoir des centaines ou des milliers d’amis sur Facebook est également un comportement infantile. Seulement quand nous étions enfants, nous nous liions rapidement d’amitié avec quiconque nous souriait, était bien habillé et nous donnait un like (j’ai exagéré ici :))) ). Mais pensez au comportement d’amitié sur Facebook – il est naïf et se résume à des standards simples: il m’aime ou non. Si le nouvel ami nous donne des likes, nous apprécie, commente et rit à nos blagues, il peut se qualifier pour le statut d’ami intéressant sur Facebook. C’est à peu près tout ce que demandent les enfants lorsqu’ils se lient d’amitié entre eux.
Il nous invite à ne plus raisonner et à communiquer par émotions. Les boutons de réaction sont tous émotionnels: j’aime, je n’aime pas, je suis en colère (une émotion populaire sur Facebook), etc., donc nous sommes invités à réagir comme des enfants, à nous habituer à de telles réactions, à transformer nos habitudes de communication, à nous transformer nous-mêmes. En enfants. Qui expriment leurs désirs, leurs choix, leurs pensées, par des émotions. Virtuelles. C’est-à-dire que nous sommes préparés pour le Web 4.0 dont j’ai écrit ici.
Le type de contenu qui réussit sur Facebook est le storytelling. Nous lisons de plus en plus d’histoires. Beaucoup sont fausses. Mais sur la sélection des sujets et la construction du storytelling sur Facebook, dans un futur article.
Pourquoi sommes-nous infantilisés et habitués à nous exprimer par émotions ?
1.Intérêts commerciaux. Toutes les entreprises veulent des clients qui réagissent et passent à l’acte d’achat de manière émotionnelle. La plupart des publicités basent leurs messages sur les émotions. Il est beaucoup plus difficile de convaincre une personne d’acheter de manière rationnelle et beaucoup plus facile de la faire acheter de manière compulsive, sur la base des émotions. Donc, nous-enfants sommes des clients beaucoup plus précieux pour la publicité sur Facebook que nous-adultes.
2. Une communauté composée d’enfants est beaucoup plus facile à gérer qu’une composée d’adultes. Pensez que Facebook est un système totalitaire, pas démocratique, il n’y a pas d’instances humaines que vous pouvez contacter, vos réclamations sont traitées par un système immanent, robotisé, qui peut donner suite à votre demande ou non (par exemple, si vous signalez un faux compte, il peut être fermé ou non. Dans le cas où il n’est pas fermé, il n’y a pas d’instance de recours). Malgré cela, aucune révolte contre Facebook n’a été enregistrée, car les révoltes des enfants sont courtes et émotionnelles. Ils reçoivent un nouveau jouet/application et oublient pourquoi ils se sont révoltés.