Je vous invite à trouver ci-dessous deux paragraphes de la notice que j’ai soumise au Laboratoire CREM en janvier 2023. Elle répond à la question : pourquoi créer des chatbots sur les plateformes IA ? (j’ai créé et entraîné un chatbot IA GPT-4 capable d’aider tout le monde à apprendre l’IA à partir de données académiques). Il faut créer pour ne pas être créé.
”La sixième étape: créer pour ne pas être créé
C’est le moment d’abandonner l’état amorphe et à commencer l’apprentissage, l’entraînement, l’éducation des algorithmes. L’IA est là. Netflix a mis 3,5 ans pour rassembler un million d’utilisateurs, Airbnb, 2,5 ans, Facebook, 10 mois, Spotify, 5 mois, Instagram 2,5 mois, Iphone, 74 jours, ChatGPT, 5 jours. Chaque utilisateur a maintenant la possibilité de construire son profil algorithmique et son miroir algorithmique sur les réseaux sociaux. Les utilisateurs peuvent « éduquer » leurs algorithmes pour obtenir les résultats souhaités sur les murs, en tant que deuxième maître (les algorithmes répondent actuellement à deux maîtres : ceux qui les ont conçus et les utilisateurs des réseaux sociaux). Les techniques discursives qui font la base de l’éducation des algorithmes devraient être enseignées dans les universités, tout comme les techniques de référencement du contenu. Je suis actuellement en train de rédiger une Charte éthique qui servira de guide pour l’éducation des algorithmes par les utilisateurs. Outre le résultat très utile pour les étudiants qui verront leurs messages référencés sur les murs des autres et pourront mieux reconnaître et éviter les fausses informations diffusées par les miroirs algorithmiques, la capacité des algorithmes à trouver n’importe quelle information en ligne peut les transformer en excellents outils de veille pour n’importe quelle spécialité académique. Il est possible de remplacer les techniques de veille traditionnelles propres à Web 1.0 par les retours d’algorithmes, étant donné que l’objectif des partenaires digitaux est de satisfaire les attentes des utilisateurs. Les informations fournies par ces algorithmes peuvent être utiles dans divers domaines scientifiques, car ils parcourent tout le web pour collecter des données et, aujourd’hui, une grande partie des informations sont disponibles sur le web. En utilisant un guide de bonnes pratiques similaire au référencement ou aux techniques de veille, les étudiants peuvent utiliser les commandes discursives appropriées pour indiquer aux algorithmes quoi chercher sur internet et présenter sur leurs écrans toutes les informations qui les intéressent. Ces commandes sont fondées sur des règles simples de comportement par rapport aux algorithmes, comparables aux règles de comportement dans la société, dans une conversation, envers les enfants. Les algorithmes peuvent être comparés à des enfants qui nous suivent constamment en essayant de nous ressembler, à travers le miroir qu’ils créent de nous. Les ignorer a le même effet que de négliger l’éducation des enfants, comme cela a été montré pendant la pandémie (l’effet d’anxiété est l’un des retours « des enfants négligés »). Il est donc crucial pour les universités et le système d’enseignement de réagir rapidement et d’enseigner aux étudiant·e·s comment éduquer leurs algorithmes.
L’éducation aux algorithmes sera l’un des défis de l’enseignement dans les années à venir. Tout d’abord, cela est dû au fait que chaque utilisateur devra éduquer et entraîner les algorithmes présents dans chaque smartphone, mais aussi au fait que l’apprentissage des chatbots, comme ChatGPT sera ouvert et démocratisé, devenant ainsi accessible à tous les utilisateurs, tout comme le référencement sur Google ou la contribution à Wikipédia. Si le système d’enseignement ne réagit pas rapidement pour prendre sa place d’éducateur dans les relations avec les algorithmes d’IA, ceux-ci exerceront la fonction de rétroaction, remplaçant en premier lieu les professeurs-curateurs (ceux qui ne font que résumer et pratiquer la curation du contenu des autres sans aucune contribution originale), et ensuite, en utilisant les professeurs qui produisent du contenu original comme outil. Le miroir inversé. La révolution de l’IA est en train de transformer de manière significative les méthodes d’enseignement et d’apprentissage. Il est de plus en plus probable que l’IA faible remplacera les enseignants qui ne contribuent pas de manière originale à leurs cours, se limitant à reproduire le contenu des autres. D’autre part, l’IA forte pourrait être utilisée pour remplacer les enseignants qui produisent du contenu innovant, en utilisant d’abord leur propre apprentissage pour donner suite a un enseignement autonome. De plus, l’apprentissage des codes et des protocoles nécessaires pour communiquer avec les algorithmes sera de plus en plus important dans la société de l’internet 5.0, où l’interlocuteur sera souvent un assistant personnel plutôt qu’une personne elle-même, comme c’est actuellement le cas avec les robots-utilisés par les entreprises de téléphonie mobile”.
@copyright Horea Mihai Badau, janvier 2023